Vivre en copropriété, c'est partager des espaces, des décisions, et souvent des contraintes. Cette proximité permanente, si elle favorise l'entraide et la convivialité, peut aussi être à l'origine de tensions entre voisins. Bruits, incivilités, usages abusifs des parties communes, comportements irrespectueux… les motifs de discorde sont nombreux. Lorsque ces conflits ne sont pas traités à temps, ils peuvent empoisonner la vie quotidienne, dégrader les relations entre copropriétaires, voire compromettre le bon fonctionnement de la copropriété dans son ensemble.
Le syndic – professionnel ou bénévole – a un rôle déterminant à jouer. Non seulement il doit veiller à l'application du règlement de copropriété, mais il peut aussi agir en médiateur et accompagner les parties vers une solution amiable. Bien entendu, toutes les situations ne relèvent pas directement du syndic, mais il peut poser un cadre et initier des démarches constructives, notamment en collaboration avec le conseil syndical.
Dans cet article, nous allons explorer les différentes sources de conflits en copropriété, le rôle exact du syndic dans leur gestion, les outils à disposition, ainsi que des pistes concrètes de résolution, qu'elles soient amiables, juridiques ou structurelles.
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Nature des conflits de voisinage en copropriété
La majorité des litiges en copropriété naissent de petits incidents du quotidien. En tête des réclamations on retrouve : les nuisances sonores, comme le bruit des pas, de la musique, des travaux ou des fêtes tardives. Les conflits naissent aussi souvent d'une utilisation inappropriée des parties communes, comme lorsqu'un copropriétaire encombre les couloirs, installe des objets personnels dans le hall ou gare son véhicule sur une place qui ne lui est pas attribuée.
Les désaccords autour de la réalisation de travaux privatifs sont également courants, surtout lorsque ces travaux ont un impact sur la structure de l'immeuble ou sur les parties communes, comme des percements de murs porteurs, des nuisances liées à un chantier prolongé, ou des atteintes esthétiques à la façade. Enfin, les conflits peuvent être liés aux charges de copropriété et leur répartition.
À savoir
Même si un litige semble personnel, il peut relever du droit de la copropriété s'il affecte les parties communes ou le respect du règlement. Dans ce cas, le syndic est compétent pour agir.
C'est notamment le cas lorsqu'un copropriétaire nettoie régulièrement son balcon à grande eau, entraînant un écoulement qui inonde le balcon ou les fenêtres de l'étage inférieur. Ce type de comportement peut nuire à la jouissance paisible des parties privatives d'un autre copropriétaire et constitue bien souvent une infraction au règlement de copropriété, lequel interdit les pratiques susceptibles de salir ou détériorer les façades, balcons ou autres éléments extérieurs de l'immeuble.
Cadre juridique et missions du syndic
Le syndic est le mandataire du syndicat des copropriétaires, en vertu de l'article 18 de la loi du 10 juillet 1965. Il est tenu d'exécuter le règlement de copropriété, d'assurer la conservation de l'immeuble, et de veiller à l'application des décisions votées en assemblée générale. Lorsqu'un conflit de voisinage enfreint une règle de copropriété, il peut – et doit – intervenir.
À savoir
Le syndic n'a d'autorité qu'envers les copropriétaires. Lorsqu'un trouble émane d'un locataire, le syndic ne peut intervenir directement, faute de lien contractuel avec ce dernier. Il doit alors se tourner vers le copropriétaire bailleur, seul responsable vis-à-vis de la copropriété des agissements de son locataire.
Il appartient ensuite à ce bailleur, de faire respecter les obligations prévues dans le bail — notamment celle de jouissance paisible des lieux — et d'entreprendre les démarches nécessaires si le comportement du locataire demeure perturbateur.
Sa première mission est d'évaluer si le comportement signalé constitue une violation du règlement ou crée un trouble anormal. Si tel est le cas, il peut adresser un courrier de rappel ou une mise en demeure. Il est également en mesure de faire appel à un médiateur ou, dans les situations graves, de saisir la justice au nom de la copropriété, à condition que l'assemblée générale l'y autorise (article 55 du décret du 17 mars 1967).
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En revanche, le syndic n'a aucune obligation ni compétence pour arbitrer un conflit purement personnel, comme une querelle entre voisins, tant qu'il n'y a pas d'atteinte au règlement.
Important
Le syndic n'est pas un arbitre privé. Il ne peut intervenir que lorsque les faits constituent une infraction au règlement ou un trouble collectif reconnu. À défaut, les parties doivent gérer elles-mêmes leur différend.
Résolution amiable
Avant toute action formelle, il est recommandé de privilégier le dialogue et la médiation. Le syndic peut initier une rencontre entre les parties, rappeler les règles applicables, ou diffuser un message général pour sensibiliser l'ensemble des copropriétaires. Il peut également s'appuyer sur le conseil syndical pour favoriser un climat d'écoute.
La médiation peut être menée par un professionnel indépendant, parfois inscrit sur une liste officielle auprès de la Cour d'appel. Dans certaines communes, la mairie propose aussi des services gratuits de médiation.
D'un point de vue juridique, la médiation est aujourd'hui fortement encouragée. L'article 750-1 du Code de procédure civile impose, pour les litiges de moins de 5 000 €, une tentative préalable de résolution amiable avant de porter l'affaire devant un tribunal (sauf cas d'urgence).
À savoir
Le syndic peut proposer la médiation, mais il ne peut pas l'imposer. Elle nécessite l'accord des deux parties. En revanche, elle est souvent perçue comme plus équitable et moins coûteuse que la justice.
Si toutes les démarches amiables échouent et que les troubles persistent, il est possible d'avoir recours à une procédure judiciaire. Le syndic peut agir en responsabilité civile, sur la base de l'article 1240 du Code civil (anciennement 1382), pour faire reconnaître un trouble anormal de voisinage.
Il est essentiel de constituer un dossier solide : courriers échangés, témoignages écrits, constats d'huissier, enregistrements sonores si le problème est lié au bruit, voire expertises si des travaux sont en cause. Dans les cas extrêmes, comme des violences verbales répétées ou des comportements menaçants, la voie pénale peut aussi être envisagée.
L'action judiciaire peut être engagée par le syndic, si l'assemblée générale a donné son accord, ou par le copropriétaire directement lésé, si le trouble n'affecte que lui.
À savoir
La Cour d'appel de Paris, dans un arrêt du 26 mars 2020, a condamné un copropriétaire à verser 4 500 € de dommages et intérêts pour des nuisances sonores nocturnes persistantes. La décision s'est appuyée sur des constats d'huissier et des témoignages de voisins.
Prévenir les tensions
Au-delà des conflits, la copropriété peut instaurer une véritable culture du respect et du dialogue, qui évite que les tensions n'émergent ou ne dégénèrent. Le syndic peut jouer un rôle préventif en diffusant régulièrement le règlement, en rappelant les horaires de tranquillité, ou en organisant des réunions conviviales.
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Il est aussi possible de faire adopter, en assemblée générale, une charte de bon voisinage, complémentaire au règlement, pour poser les bases d'un vivre-ensemble apaisé. Cela ne crée pas de nouvelles obligations juridiques, mais formalise des engagements mutuels sur le respect, la communication ou la gestion des parties communes.
Un conseil syndical actif et proche des résidents est également un levier essentiel. Il permet d'identifier les signaux faibles, d'agir en amont, et de désamorcer certaines tensions avant qu'elles ne remontent au syndic.
À savoir
Une charte de bon voisinage, bien rédigée et communiquée, peut faire office de guide pratique pour les nouveaux résidents et faciliter leur intégration dans l'immeuble.
Les conflits de voisinage en copropriété sont inévitables, mais ils ne doivent jamais être ignorés. Leur gestion repose sur un équilibre subtil entre fermeté et diplomatie, respect des règles et écoute des personnes. Le syndic, en tant que garant du bon fonctionnement de l'immeuble, a un rôle clé à jouer dans cette régulation. En s'appuyant sur le cadre légal, la médiation, la concertation et, si besoin, la justice, il peut contribuer à maintenir la paix dans la copropriété. Encore faut-il que chacun accepte de dialoguer et de respecter les règles.